PLAN D'ACTION ANTIALGUES VERTES « Trouver de nouveaux repères »
Même si son parcellaire est favorable à plus d'herbe, la famille Le Goffic, installée dans la baie de Lannion, cherche ses marques.
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Après le tapage médiatique orchestré tout l'été par deux associations environnementalistes, avec la découverte de trente-six cadavres de sangliers non loin d'une plage fermée au public pour cause d'algues vertes, le préfet de région a souhaité calmer le jeu en lançant officiellement le plan d'action sur une ferme de la baie de Lannion (Côtes-d'Armor). Des huit baies concernées par les marées vertes, c'est la première à avoir signé une charte de territoire avec l'État et les collectivités pour réduire les rejets azotés dans les cours d'eau. À l'échelle des bassins versants, l'objectif collectif est d'arriver, d'ici à 2015, à 60 % de la SAU en herbe, une baisse des entrées d'azote de 10 %, une remise en herbe de la moitié des zones humides cultivées, l'adhésion à la charte de 80 % des agriculteurs ayant plus de 3 ha sur le bassin-versant et au moins vingt exploitations en agriculture bio. À terme, en 2027, le but est d'atteindre 10 mg/l dans les cours d'eau.
Assurer quantité et qualité de fourrage
Le coup d'envoi a été donné sur l'exploitation de Marylène et Arnault Le Goffic, à Plouzélambre, sur le bassin-versant de La Lieue de Grève, à proximité de Plestinles- Grèves. Elle n'a pas été choisie au hasard. C'est l'une des dix fermes pilotes retenues dans la baie pour servir de référence. À la tête de 66 normandes sur 80 ha, le couple s'est porté volontaire comme ferme pilote. Et avant même la signature du contrat de territoire, il a déjà fait évoluer ses pratiques. « Nous avons divisé par deux nos achats d'engrais en deux ans pour arriver à 2 700 unités en 2011, explique Arnault. La distribution de concentrés est désormais limitée à 500 kg/VL/an. » La part de l'herbe est passée de 56 % en 2007 à 61 % en 2011. Le silo est fermé trois mois et demi par an. « Nous avons la chance d'avoir un parcellaire bien regroupé autour du siège de l'exploitation », confirme Arnault. Mais demain, ils devront encore améliorer le pâturage et réduire la sole en maïs. Plus facile à dire qu'à faire. « Il faut s'assurer d'avoir un stock suffisant et de qualité pour nourrir les animaux pendant l'hiver, tout en maintenant le volume de la production et, bien sûr, notre revenu, s'inquiète l'éleveur. On doit trouver nos repères. » Et même s'ils doivent aller encore plus loin, ils admettent que leur système est plus adapté à la nouvelle orientation herbagère que d'autres. Ceux qui ont très peu d'accessibilité aux parcelles seront contraints de récolter l'herbe au champ. Ce qui demande du temps et du matériel. Le séchage en grange représente un coût élevé. Quid du financement de matériel d'occasion ? Comment faire face au manque de paille ? De nombreuses questions sont en suspens. La profession a demandé la mise en place d'une banque de fourrage qui, pour le moment, n'a pas vu le jour.
ISABELLE LEJAS
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